Sur Chypre, peu d'articles, beaucoup d'interrogations et d'appréhension envers l'AKEL qui dirige le pays depuis 2008, comme sa position au sein de l'UE.
Un bon article de fond qui m'a éclairé.
Chypre : un outsider à la tête de l’Union européenne
Un bon article de fond qui m'a éclairé.
Chypre : un outsider à la tête de l’Union européenne
- Spoiler:
- Chypre : un outsider à la tête de l’Union européenne
Pour le second semestre 2012, c’est au tour de Chypre de prendre la présidence de l’Union européenne, dont elle est membre depuis 2000. Elle ne fait partie de la zone euro que depuis quatre ans. Mais c’est aussi un pays divisé, une partie de son territoire étant sous occupation turque. Et, fait peu commun, c’est le seul État européen à avoir à sa tête un président… communiste.
Bert De Belder
Chypre
• Indépendance par rapport à la Grande-Bretagne depuis 1960 (mais il reste deux grandes enclaves militaires britanniques sur l’île)
• Superficie: 9 251 km² (moins d’un tiers de la Belgique), troisième plus grande île de la Méditerranée
• Capitale: Nicosie
• Population: 1,1 million d’habitants (77% de Grecs, 18% de Turcs)• Déficit budgétaire: 2,5% du PIB
• Dette de l’État: 71% du PIB
Diriger l’Union européenne en ces temps de tempête n’est pas franchement une partie de plaisir. En outre, Chypre est désormais également dans l’œil du cyclone, n’échappant pas à l’impact de la crise économique globale du capitalisme. De plus, les banques chypriotes dépendent en grande partie de l’économie grecque. Et, récemment, l’agence de notation Fitch a dégradé la note de ce pays. Chypre aurait besoin de 4 à 6 milliards d’euros de soutien, soit environ un tiers de son PIB. Le gouvernement a déjà demandé l’aide du Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours européen, et risque en échange de devoir imposer de lourdes mesures d’austérité. Bref, rien de nouveau sous le soleil.
Quoique. Depuis 2008, Chypre a un président communiste, Demetris Christofias. Le parti communiste AKEL (le Parti progressiste des travailleurs) est depuis des années le plus grand parti, et obtient 30 à 35 % des voix à chaque élection. La différence est évidente, par exemple dans la gestion de la crise. Avant de demander l’aide de l’Europe, le président est allé frapper à la porte de la Russie (pour 2,5 milliards d’euros) et de la Chine. Il a ainsi « agacé l’Europe » (De Standaard, 26 juin 2012). Il n’y a pas eu de privatisations, le chômage n’a que peu augmenté, le niveau de vie n’a presque pas baissé. Au lieu de tailler dans le social, le gouvernement a libéré des fonds supplémentaires pour l’enseignement et les allocations sociales, celles-ci augmentant parfois jusqu’à 30 %!
D’où doivent donc provenir ces moyens supplémentaires ? Pour AKEL, il faut imposer davantage les riches. En avril, le parti a par exemple introduit deux propositions de loi, l’une pour une taxe de luxe sur les voitures de plus de 3000 cc de cylindrée, et l’autre sur les logements de plus de 300 m². « Le but est d’augmenter les revenus de l’État par des mesures douces pour la majorité de la population, et certainement pour les groupes les plus vulnérables », explique AKEL.1
Quant aux mesures d’économies qui doivent maintenant être négociées avec les instances européennes, AKEL affirme que « les charges seront partagées selon les moyens financiers de chacun et certainement pas sur le dos des travailleurs ».2
Pas de la figuration
Vera Polycarpou, du Département international de AKEL, détaille les réalisations du gouvernement Christofias : « L’État est désormais plus proche des citoyens, il y a moins de clientélisme et plus de transparence. Sous la présidence de AKEL, le système de sécurité sociale a été maintenu et une loi sur les conventions collectives de travail a été introduite, ce qui n’existait pas auparavant. » Mais cette politique ne plaît évidemment pas au monde des affaires. « Certains cercles ont mené une véritable campagne de haine contre le président Christofias, ils veulent le briser », ajoute Vera Polycarpou.
Quant à la présidence de l’Union européenne, Chypre ne veut pas seulement faire de la figuration : « Nous savons que ce n’est pas avec l’UE que nous allons faire la révolution, sourit Vera, mais nous voulons montrer qu’un petit pays comme Chypre peut résister aux pressions, et exercer une influence, même minime, sur les décisions de la Commission européenne. Nous voulons que les gens soient le centre de l’économie et de la politique. »
Occupation turque
Chypre vit depuis longtemps un problème majeur. Depuis 1974, l’île est divisée entre une partie grecque et une autre occupée par des troupes turques, à l’encontre de toutes les résolutions des Nations Unies. Avant son mandat, Christofias avait placé la solution du « problème chypriote » comme objectif prioritaire, mais cela n’a pu aboutir. La Turquie campe en effet obstinément sur ses positions, et les tensions sont plus fortes que jamais. « Notre première tâche reste la libération de Chypre de l’occupation turque, dit Vera. Durant les 90 ans d’existence de AKEL — et son prédécesseur le Parti communiste de Chypre —, nous n’avons jamais pu donner la priorité à la lutte pour le socialisme, parce que nous avons à chaque fois dû nous adapter, d’abord au colonialisme britannique, ensuite à l’occupation par la Turquie. »
La tentation d’Aphrodite
Ces dernières années, on a découvert d’énormes gisements de gaz dans les eaux territoriales au sud de Chypre, zone économique décrétée internationalement comme exclusivement chypriote. Ces gisements peuvent transformer radicalement l’économique de Chypre, affirme AKEL, si la question est traitée de manière sérieuse et responsable.3 Le gouvernement veut faire de Chypre un noyau énergétique régional, mais d’abord et avant tout satisfaire les besoins en énergie de l’île même.4 La zone de gisements est appelée « Aphrodite » est comporte douze « blocs ». Pour neuf des douze blocs, une offre d’exploitation a été lancée, à laquelle cinq entreprises et dix joint-ventures de quinze pays ont répondu. La découverte et l’exploitation du gaz de Chypre seront-elles un bien ou un mal ? Deux questions épineuses y sont déjà liées. La Turquie ne reconnaît pas les eaux territoriales de Chypre, et Ankara a déjà annoncé qu’elle va elle-même entamer des forages dans cinq blocs.
Par ailleurs, Chypre a signé des contrats avec Israël, entre autres pour un pipe-line commun par l’entreprise américaine Noble Energy. Vera Polycarpou l’explique comme suit: « Les zones de gisements de gaz de Chypre et d’Israël se touchent, c’était donc beaucoup plus efficace de travailler ensemble à leur exploitation. Mais Chypre a limité les accords au pur domaine économique, alors qu’Israël voulait placer dans la zone des éléments militaires et sécuritaires. Or, en ce qui concerne la position de AKEL par rapport à la Palestine, elle n’a pas changé d’un iota, exigeant la fondation d’un État palestinien à l’intérieur des frontières de 1967 et la reconnaissance de tous les droits du peuple palestinien.
AKEL, le Parti progressiste des travailleurs
Vera Polycarpou insiste sur la longue histoire et la large implantation d’AKEL auprès, entre autres, des travailleurs, des agriculteurs et des femmes. Le parti constitue une référence pour toute la population, croyants (orthodoxes pour la plupart) ou non-croyants. Le Parti communiste de Chypre a été fondé en 1926 par des travailleurs portuaires et des ouvriers de la construction. C’est en 1941, pendant la guerre, que le parti s’est mué en AKEL. « C’est notre parti, et non pas la social-démocratie (fondée seulement en 1965) qui a été au berceau des premiers syndicats, dit Vera. Et c’est AKEL qui, en 1948, a obtenu au forcing la journée des huit heures. »
1. AKEL Bulletin, juin 2012, p. 16 • 2. AKEL on the economy, Press Office C.C. AKEL, 28 juin 2012 • 3. Statement of the Plenum of the CC of AKEL, 15 mai 2012 • 4. AKEL Bulletin, juin 2012, p. 10-11
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