Syrie: Kurdes et Arabes s'unissent contre Assad, et sont prêts à aussi combattre le PKK
De Fulya ÖZERKAN (AFP)
ANTIOCHE — De passage dans un appartement du sud de la Turquie, combattants kurdes et arabes de la "révolution syrienne" réclament des armes pour venir à bout du régime de Damas et pourquoi pas aussi pour débarrasser le nord de la Syrie des milices du PKK qui inquiètent tant les Turcs.
Ubed Muse vient de participer à d'intenses combats à la tête d'un groupe de 45 hommes près d'Alep, la grande métropole du nord de la Syrie. Avant la prochaine bataille, il se repose, discute stratégie avec ses camarades à Antakya (sud de la Turquie), dans un appartement servant de point de ralliement aux rebelles.
"Si seulement nous pouvions avoir un soutien en armes de la Turquie", déclare-t-il, assis au milieu de photos de combattants morts ou blessés, de caricatures du président syrien Bachar al-Assad et de slogans de l'Armée syrienne libre (ASL) proclamant: "Nous ne nous arrêterons jamais avant la victoire."
Ce petit chef de guerre est kurde, pourtant il se dit prêt à pointer ses armes contre les groupes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ces rebelles kurdes de Turquie qui ont, selon Ankara, investi plusieurs zones du nord de la Syrie et menacent de là le territoire turc.
"Si nous, les Kurdes et les Arabes, nous unissons et si nous sommes en mesure de recevoir un soutien en armes de la Turquie, nous pouvons combattre non seulement le régime, mais aussi le PKK", assure-t-il.
"Nous avons besoin d'armes", insiste-t-il. "Avec un soutien en armes de la Turquie, nous pouvons frapper les bases du PKK en Syrie parce qu'on connaît tous leur localisation et les régions qu'ils contrôlent."
Ankara lutte depuis 1984 contre le PKK, qui a revendiqué l'indépendance du sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes, avant de s'en tenir à une revendication d'autonomie. Le conflit a fait plus de 45.000 morts, selon l'armée turque.
Mercredi soir, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le régime syrien d'avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie au PKK ou à sa branche syrienne, le Parti de l'union démocratique (PYD), pour nuire à la Turquie qui soutient les rebelles syriens et a appelé au départ d'Assad.
"En ce moment, le régime d'Assad est regroupé à Damas, il est coincé là-bas et aussi en partie dans la région de Lattaquié (nord-ouest). Dans le nord il a confié cinq provinces aux Kurdes, à l'organisation terroriste", a-t-il déclaré.
M. Erdogan a prévenu que la Turquie ferait usage de son droit de poursuite à chaud en Syrie contre les rebelles du PKK si ceux-ci lançaient des opérations en territoire turc, comme elle le fait déjà contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak.
Côté syrien, les Kurdes représentent près de 9% des 23 millions d'habitants et se plaignent depuis des décennies d'être discriminés sous le régime Assad.
Depuis le début du soulèvement contre Damas, en mars 2011, la communauté est divisée.
Plusieurs dirigeants kurdes ont rejoint la principale coalition de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS). D'autres, comme le Conseil national kurde syrien, se placent dans l'opposition mais hésitent à rejoindre le CNS en l'absence d'assurances suffisantes sur les droits des Kurdes.
Le PYD, lui, est accusé d'agir en connivence avec le régime.
Dans la "planque" des rebelles à Antalya, un colonel déserteur de l'armée syrienne vient de finir sa prière et se joint à la conversation.
Issu de la majorité arabe, l'officier, qui parle sous le couvert de l'anonymat, se dit convaincu de la loyauté des Kurdes de Syrie à leur pays.
"Il y a un jeu politique en cours, comme si les Kurdes, les Alaouites (une confession musulmane chiite à laquelle appartient la famille Assad) et les Turkmènes voulaient chacun une entité séparée", affirme-t-il.
"Ce n'est pas vrai. Quatre-vingt-quinze pour cent des Syriens veulent un seul drapeau et un seul Etat", poursuit l'officier.
Copyright © 2012 AFP. Tous droits réservés
De Fulya ÖZERKAN (AFP)
ANTIOCHE — De passage dans un appartement du sud de la Turquie, combattants kurdes et arabes de la "révolution syrienne" réclament des armes pour venir à bout du régime de Damas et pourquoi pas aussi pour débarrasser le nord de la Syrie des milices du PKK qui inquiètent tant les Turcs.
Ubed Muse vient de participer à d'intenses combats à la tête d'un groupe de 45 hommes près d'Alep, la grande métropole du nord de la Syrie. Avant la prochaine bataille, il se repose, discute stratégie avec ses camarades à Antakya (sud de la Turquie), dans un appartement servant de point de ralliement aux rebelles.
"Si seulement nous pouvions avoir un soutien en armes de la Turquie", déclare-t-il, assis au milieu de photos de combattants morts ou blessés, de caricatures du président syrien Bachar al-Assad et de slogans de l'Armée syrienne libre (ASL) proclamant: "Nous ne nous arrêterons jamais avant la victoire."
Ce petit chef de guerre est kurde, pourtant il se dit prêt à pointer ses armes contre les groupes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ces rebelles kurdes de Turquie qui ont, selon Ankara, investi plusieurs zones du nord de la Syrie et menacent de là le territoire turc.
"Si nous, les Kurdes et les Arabes, nous unissons et si nous sommes en mesure de recevoir un soutien en armes de la Turquie, nous pouvons combattre non seulement le régime, mais aussi le PKK", assure-t-il.
"Nous avons besoin d'armes", insiste-t-il. "Avec un soutien en armes de la Turquie, nous pouvons frapper les bases du PKK en Syrie parce qu'on connaît tous leur localisation et les régions qu'ils contrôlent."
Ankara lutte depuis 1984 contre le PKK, qui a revendiqué l'indépendance du sud-est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes, avant de s'en tenir à une revendication d'autonomie. Le conflit a fait plus de 45.000 morts, selon l'armée turque.
Mercredi soir, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le régime syrien d'avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie au PKK ou à sa branche syrienne, le Parti de l'union démocratique (PYD), pour nuire à la Turquie qui soutient les rebelles syriens et a appelé au départ d'Assad.
"En ce moment, le régime d'Assad est regroupé à Damas, il est coincé là-bas et aussi en partie dans la région de Lattaquié (nord-ouest). Dans le nord il a confié cinq provinces aux Kurdes, à l'organisation terroriste", a-t-il déclaré.
M. Erdogan a prévenu que la Turquie ferait usage de son droit de poursuite à chaud en Syrie contre les rebelles du PKK si ceux-ci lançaient des opérations en territoire turc, comme elle le fait déjà contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak.
Côté syrien, les Kurdes représentent près de 9% des 23 millions d'habitants et se plaignent depuis des décennies d'être discriminés sous le régime Assad.
Depuis le début du soulèvement contre Damas, en mars 2011, la communauté est divisée.
Plusieurs dirigeants kurdes ont rejoint la principale coalition de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS). D'autres, comme le Conseil national kurde syrien, se placent dans l'opposition mais hésitent à rejoindre le CNS en l'absence d'assurances suffisantes sur les droits des Kurdes.
Le PYD, lui, est accusé d'agir en connivence avec le régime.
Dans la "planque" des rebelles à Antalya, un colonel déserteur de l'armée syrienne vient de finir sa prière et se joint à la conversation.
Issu de la majorité arabe, l'officier, qui parle sous le couvert de l'anonymat, se dit convaincu de la loyauté des Kurdes de Syrie à leur pays.
"Il y a un jeu politique en cours, comme si les Kurdes, les Alaouites (une confession musulmane chiite à laquelle appartient la famille Assad) et les Turkmènes voulaient chacun une entité séparée", affirme-t-il.
"Ce n'est pas vrai. Quatre-vingt-quinze pour cent des Syriens veulent un seul drapeau et un seul Etat", poursuit l'officier.
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