je vois difficilement quelle partie de la bourgeoisie monopoliste la refuserait ni pourquoi
Parce qu'ils pensent que la France va encore une fois "se battre pour le roi de Prusse", en l’occurrence le bloc anglo-saxon, qu'elle va balancer du pognon, éventuellement perdre des soldats, tout ça pour la portion congrue du butin ; que ça fait 30 ans que ça dure (depuis que les "atlantistes" ont repris les manettes sous Giscard) et que ça suffit. C'est par exemple la position des Identitaires, pourtant assez occidentalistes, qui exigent le retrait des troupes d'Afghanistan.
Ta définition supposerait que le fascisme soit créé de tout temps par le
capital monopoliste, et donc lorsqu'il ne vit que de façon
embryonnaire, cela signifierait qu'il n'aurait le soutien que d'une
faible partie de la bourgeoisie monopoliste.
Tu as tout compris*, et cela rejoint ce qui est dit plus haut. Évidemment qu'une nette majorité de la bourgeoisie monopoliste aujourd'hui est pour les guerres impérialistes anglo-saxonnes, ne serait-ce que pour ne pas être en reste en les laissant y aller seul (raison de la participation en Irak en 1990-91). L'"exception" étant l'Irak en 2003, puisque comme je l'ai dit, la France (avec l'Allemagne et la Russie) avait monté le programme pétrole contre nourriture pour mettre la main sur les réserves irakiennes, et cette guerre était CONTRE elle !
Mais une nette majorité, ça ne veut pas dire la totalité. Il y a une minorité qui ne voit pas son intérêt et donc condamne ces "interventions" à la remorque des Anglais ou des Américains... D'autre part, le fascisme a une définition de politique intérieure (dictature terroriste du Capital), pas extérieure. Et, parmi les partisans de "serrer la vis" aux masses populaires, il y a aussi un courant occidentaliste, sinon atlantiste, a priori favorable à ces interventions (même si, sur la Libye ou la Syrie, la crainte des islamistes joue). [dans l'autre sens, il y a des adversaires de l'alignement atlantique qui ne sont pas des fascistes, à commencer par Mélenchon, réformiste bourgeois]
Je crois qu'il y a là une véritable constante de l'impérialisme français depuis ses débuts... Déjà, dans les années 1890-1900, il y avait tiraillement entre l'alliance britannique (la 1ère puissance d'alors) et l'alliance russe, ces deux puissances ne pouvant elles-mêmes se blairer (rivalité en Asie Centrale, Extrême-Orient, Caucase etc.). Finalement les deux ont pu être conciliées en 14-18. Depuis les années 50-60, je dirais qu'il y a 4 "pôles" dans la bourgeoisie monopoliste : ceux qui trouvent leur intérêt dans un partenariat loyal avec le bloc anglo-saxon, ceux qui veulent lui opposer un axe franco-allemand, ceux qui veulent lui opposer un axe euro-russe voire euro-russo-chinois, et les partisans du cavalier seul et de la "grandeur de la France" (un peu irréalistes...). Entre ces 4 pôles, la "masse" bourgeoise monopoliste oscille en fonction du "vent" du moment. Voilà pour la politique extérieure, après chaque tendance est traversée par les clivages de politique intérieure (social-réformisme, libéralisme, droite autoritaire, fascisme dur). La première moitié des années 2000 était marquée par une offensive anglo-saxonne sans précédent, donc une tendance à l'anti-atlantisme. La seconde moitié a été marquée par l'émergence de la Chine (et des "émergents" en général), de "menaces" comme l'Iran et son "arc chiite", l'affirmation sud-américaine ou la réaffirmation de la Russie etc. et a donc fait souffler le vent vers un certain occidentalisme/atlantisme, dont Sarkozy a été le porte-parole (en plus de représenter le glissement d'une "droite sociale et humaniste" vers une droite beaucoup plus autoritaire et destructrice des conquêtes sociales, autre nécessité de l'époque).
[* Ce qui n'empêche, comme CADRES et tribuns, de débaucher des agitateurs réactionnaires de la petite ou moyenne-bourgeoisie, ou même des tribuns de la gauche en rupture de ban, comme Mussolini ou Doriot. Quand je parle des monopolistes, je parle de ceux qui payent l'orchestre (et choisissent la musique), mais il est clair qu'ils se montrent peu. A la base, Mussolini était un cadre socialiste, même plutôt à l'aile gauche du Parti, qui s'est fait virer parce qu'il soutenait l'entrée en guerre contre l'Autriche pour récupérer les "terres irrédentes" (ce qui n'avait rien d'extraordinaire dans la tradition de gauche BOURGEOISE italienne, mais que le PSI, un des derniers partis un peu conséquents de la 2e Internationale, rejetait). A partir de là, il a commencé à fricoter avec la fraction la plus agressive de la bourgeoisie, elle aussi pour l'entrée en guerre, et le Foreign Office de Sa Majesté (qui travaillait à ouvrir un nouveau front), rappelons que l'impérialisme british (Churchill etc.) verra très positivement Mussolini jusqu'à ce qu'il attaque l’Éthiopie. Autrement dit, les contacts avec la bourgeoisie la plus militariste, chauvine et réactionnaire, et la première puissance impérialiste de l'époque, étaient établis dès 1914... C'est totalement établi aujourd'hui. Tout le reste (les Arditi, le programme "révolutionnaire" de 1919) n'a été que poudre aux yeux. Idem en Allemagne avec les SA et les "nationalistes révolutionnaires" de Strasser, qui ont joué un rôle fondamental dans la marche au pouvoir, mais n'ont été que des gogos, des idiots utiles de bout en bout, et se sont faits éliminer à peine un an après la prise de pouvoir.]
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