BOLCHEVIQUE – Les dossiers secrets du MI5 contre Charlie Chaplin
Mille neuf cent cinquante-deux, en pleine guerre froide avec l'Union soviétique, soudés derrière le sénateur Joseph MacCarthy, les Etats-Unis traquent sans relâche les "traîtres" communistes. La chasse aux sorcières, ouverte deux ans plus tôt, et qui durera jusqu'en 1954, vise tous les milieux sans distinction.
Déjà mondialement connu pour ses films Les Temps modernes (1936) et Le Dictateur (1940), l'acteur et réalisateur britannique Charlie Chaplin est dans le viseur des maccarthystes. Pour les services du renseignement intérieur américain, le FBI, il est "un bolchévique de salon d'Hollywood". L'acteur est soupçonné d'avoir fait un don dissimulé au Parti communiste américain en 1923 et d'avoir maintenu ses activités communistes par la suite. Plus de deux mille pages sont réunies sur l'acteur comique.
En 1952, le FBI demande à son homologue britannique, le MI5, de l'aider dans la collecte d'informations pouvant corroborer ses soupçons. Le FBI veut savoir si Chaplin rencontre des "personnes haut placées" à Londres et développe des liens avec le parti communiste. Les services s'intéressent aussi tout particulièrement au lieu de naissance de l'acteur et cherche à vérifier si son vrai nom est Israel Thornstein, comme ils le supposent.
Le dossier ouvert en 1952 par le MI5 sur Charlie Chaplin – numéro PF710549 –, rapporte le Guardian, a été divulgué vendredi par les Archives nationales britanniques (en consultation payante sur leur site). Plusieurs éléments semblent corroborer les soupçons américains. "Chaplin a financé des organisations communistes... Il a été impliqué dans des affaires de paternité et d'avortement", rapporte alors un officier de liaison du MI5 à Washington en octobre 1952. Les services britanniques rapportent également que dix ans plus tôt, Charlie Chaplin a déclaré devant la branche de Los Angeles du Conseil national du l'amitié sovieto-américaine : "Il y a du bon dans le communisme. Nous pouvons utiliser ce qui est bon et mettre de côté le mauvais."
Les dernières minutes du film Le Dictateur (1940)
Mais, pour le MI5, il s'agit moins de mettre en lumière les sympathies communistes de la star que de déterminer si elle présente un risque pour la sécurité. Et, sur ce point, le verdict est sans appel : "Nous ne trouvons aucune trace de cet homme dans nos dossiers et nous ne voyons aucun élément concret permettant de le présenter comme un risque pour la sécurité", conclut à l'époque le directeur du MI5, sir Percy Sillitoe. Sur ses sympathies communistes présumées, le MI5 est même nuancé : "Il est possible que Chaplin soit un sympathisant communiste, mais au regard des informations dont nous disposons, il ne semble pas être davantage qu'un 'progressiste' ou un 'radical'". Pour les services du renseignement britannique, le nom de la célébrité a même pu être exploité dans les intérêts du communisme pour le présenter comme "l'une des victimes du maccarthysme".
Les autorités américaines n'en démordront toutefois pas. En 1953, Charlie Chaplin se voit notifier une interdiction d'entrée sur le territoire américain. Une décision contre laquelle il ne fera pas appel, bien que niant être communiste. "Je suis la victime de mensonges et d'une propagande vicieuse", dira l'acteur, décidé à s'installer en Suisse, où il mourra le jour de Noël 1977.
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