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    A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie.

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    A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie. Empty A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie.

    Message par Joe Jeu 27 Sep - 0:07

    A en croire la prose de nos grands médias et de leurs satellites — on pense en particulier au blog du Monde "Un oeil sur la Syrie" —, il n'existerait plus qu'une seule opposition syrienne, l'Armée syrienne libre. Ceux ayant refusé de prendre les armes étant nécessairement à la botte du gouvernement. L'Armée syrienne libre est systématiquement lavée de tout crime, alors que le gouvernement syrien, ledit "régime", est accusé des pires exactions : "massacres" par bombardements, attaque de boulangeries et d'enfants [1]. On continue à parler de "répression", comme s'il s'agissait encore d'un soulèvement spontané et pacifique. On oublie de dire que les mortiers qu'emploient les rebelles tuent aussi, et pas que des militaires. Sans compter les attaques terroristes.[2] Par contre, que les rebelles syriens arment des enfants, comme la brigade Daraa al-Thawra, cela ne les fait pas frémir [3]. Qu'ils soient armés par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la France, ainsi que soutenus par la Turquie, cela ne les dérange pas. Qu'il y ait dans leurs rangs des djihadistes venus de tous les pays, notamment des Balkans ou de Tchétchénie, ils vous feront encore croire qu'il reste une once de démocrates parmi les combattants de l'ASL [4]. Le comble, c'est qu'ils n'avaient rien dit en apprenant que le journaliste Gilles Jacquier fut victime des rebelles, alors qu'ils accusaient en chœur le gouvernement syrien [5].

    Le discours à la mode maintenant est de faire croire à une "islamisation" de la rébellion. La rébellion est islamisée depuis longtemps déjà, mais les filtres médiatiques ne suffisent plus à le masquer. Alors on accuse le gouvernement syrien de vouloir rester en place, et d'être responsable de la radicalisation des islamistes. Les vrais responsables, à l'évidence, sont ceux qui ont militarisé une protestation à l'origine démocratique et progressiste, la faisant glisser vers une guerre civile [6]. Seuls les groupes ayant reçu des armes et d'autres types de soutien de la part des monarchies islamistes du Golfe ont pu tirer leur épingle du jeu. Pouvait-on s'attendre à autre chose ?

    Effectivement, les Frères musulmans syriens, qui tiennent le haut du pavé, se gardent bien de financer leurs concurrents. Cela crée des tensions entre islamistes, comme on l'a vu fin août : Le Conseil révolutionnaire d'Idlib demandait aux Frères musulmans et au Conseil national (CNS) de bien vouloir financer les groupes rebelles en fonction de leur importance, et non plus selon leurs affinités idéologiques [7]. L'on voit aisément comment fonctionne la rébellion, et il faudrait être bien crédule pour croire que l'opposition démocratique aurait pu prendre les armes sans disparaître aussitôt, alors même que les puissantes brigades d'Idlib en sont encore à mendier auprès de leurs amis islamistes.

    Pourtant, cette opposition démocratique et pacifique existe toujours. Elle est systématiquement oubliée ou dénigrée par les journaleux de l'OTAN, mais elle n'en reste pas moins très présente. On y retrouve de nombreux intellectuels, comme l'opposant Muwafaq Mahadin, qui a pu déclarer en août : "C'est un Etat policier non-démocratique et corrompu, mais ce qu'il se passe n'est pas une guerre en Syrie mais une bataille entre joueurs exterieurs pour la Syrie." [8] Cette opposition est constituée également des 16 partis regroupés dans le Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNC) — qu'une étude du Centre français de recherche sur le Renseignement a pu qualifier de courant d'opposition "le plus légitime" et "le plus important" [9]—, qui s'est réuni le 22 septembre à Damas. La conférence, qui a appelé au "renversement pacifique" de Bachar al-Assad, a aussi proposé un cessez-le-feu suivi aussitôt de négociations avec le gouvernement [10].

    La bonne tenue de cette conférence, ouverte à tous les dirigeants de l'opposition, montre que l'option militaire est loin d'être la seule possible. Les djihadistes de l'Armée syrienne libre et les autres groupuscules fondamentalistes n'ont évidemment aucun intérêt à laisser cette opposition démocratique se renforcer, et l'ont immédiatement accusée de complaisance à l'égard du gouvernement. Il devient pourtant clair, à mesure que se développe la violence en Syrie, et alors qu'apparaissent les premières milices [11], que seule une solution négociée pourra éviter les cicatrices irréparables d'une guerre civile prolongée.

    Paul LG

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    ----------------------------

    1. "Alors que les massacres succèdent aux massacres, faisant comme à Daraya plus d'un millier de morts, que des files d'attente devant les boulangeries sont bombardées quotidiennement et que les actes les plus abominables sont perpétrés sur des enfants..." a écrit Ignace Leverrier, "ancien diplomate" paraît-il.

    2. Une attaque de mortier revendiquée par Ansar Al-Islam fait 3 morts civils à Damas, place des Abbassides. Les victimes n'ont pas eu les faveurs du journal Le Monde, qui ne s'est pas gêné pour dénoncer les bombardements du gouvernement et parler de "massacre". Leurs éditorialistes ne se sont pas davantage émus des 12 morts et 48 blessés victimes d'une attaque à le bombe lors de l'enterrement de deux personnes, elles-mêmes victimes d'une voiture piégée.

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    8. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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    10. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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    A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie. Empty Re: A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie.

    Message par Pedro Lun 8 Oct - 12:08

    Le problème, c'est qu'entre
    un Etat policier non-démocratique et corrompu
    et un
    "renversement pacifique" de Bachar al-Assad
    il y a comme une contradiction... C'est ignorer qu'un État policier ne se renverse que par les armes.
    Le CNC m'est connu, j'en avais déjà parlé ici, c'est là que l'on trouve les forces progressistes et marxistes (ou du moins "marxisantes") comme le PAC, et non les forces "démocrates" comme le dit l'article. Pourquoi ne prend-t-il pas les armes ? N'est-ce pas un principe communiste que de "compter sur ses propres forces", bien conscients que tout soutien bourgeois, s'il peut exister, ne peut être qu'opportuniste et éphémère (comme quand les Américains soutenaient Mao et Ho Chi Minh) ? N'y a-t-il pas une contradiction à dénoncer, d'un côté, le financement de l'ASL par les Frères musulmans (c'est à dire le Qatar, tout le monde le sait maintenant, ce pourquoi ils refusent de financer les salafistes, qui eux sont liés à des éléments oligarchiques saoudiens), et déplorer de l'autre que l'opposition démocratique pourrait attendre longtemps un quelconque soutien de leur part ?
    Le fait qu'aient émergé ces forces guère progressiste, ASL liée aux FM et au Qatar et djihadistes liés à l'Arabie, a poussé les progressistes du CNC vers une ligne conciliatrice avec le régime (d'autres, comme le Parti de la Volonté Populaire, l'ont carrément rallié)... Selon moi, c'est une erreur opportuniste, mais les véritables ML ne sont sans doute pas légion en Syrie, entre répression et "priorité", pendant longtemps, à soutenir un régime "anti-impérialiste".

    Autre remarque : il faut bien comprendre que dans le dossier syrien, le Qatar et l'Arabie jouent leur propre partition qui n'est pas forcément exactement celle des impérialistes. Pour l'impérialisme BBR, je pense sérieusement que la carte qu'ils jouent est celle d'une démission d'Assad et d'une "révolution de palais", je pense particulièrement à un remplacement du clan Assad par le clan Tlass (dont un représentant a déserté et trouvé refuge précisément en France, pour moi ce n'est pas un hasard). La Turquie (autre "acteur régional" clé) est entrée depuis quelques jours en opérations militaires contre la Syrie. Étrangement, elle n'appelle pas à la chute totale du régime (avec des élections consécutives qui donneraient vraisemblablement une majorité aux FM, réputés proches de l'AKP), mais seulement à une démission d'Assad au profit de son vice-président. Je pense, parce que lesdites élections donneraient aussi un gros score aux salafistes, comme en Égypte, et que des zones entières deviendraient des bases arrières pour les djihadistes souhaitant frapper les "impies" turcs (sans compter le Kurdistan, qui hors de contrôle deviendrait une base arrière du PKK).

    Récemment, et à la grande stupeur de certains camarades maoïstes arabes, ce sont des trotskistes, la Gauche révolutionnaire (la section locale du SU de la "IV"), qui ont adopté une position relativement correcte : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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    Message par Pedro Lun 8 Oct - 13:38

    Tiens, Bachar el-Assad s'est trouvé un nouveau pote : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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    Message par Joe Lun 8 Oct - 13:39

    Je pense qu'il y a beaucoup d'éléments dans le CNC, et pas que des marxistes. Et il y a des communistes qui n'en font pas partie également.

    Ils ont raison de ne pas prendre les armes. En fait, ils n'ont pas le choix. Je crois que cela relève de l'évidence, car comme le dit Haytham Manna dans l'article mis en lien : "Les groupes armés et la solution militaire adoptée par le régime ont éradiqué la résistance civile."

    Le fait est qu'ils manquent d'organisation, de réseaux et d'amis. Prendre les armes n'aurait fait que décrédibiliser leur mouvement, et d'ailleurs, quelles armes ? Fallait-il rêver, comme des trotskistes, que les militaires se joignent tous à la nouvelle opposition armée ?

    A la limite, ils auraient pu prendre les armes contre les djihadistes. Ils en auraient retiré une certaine autorité, comme le Hezbollah au Liban. Mais ils n'ont pas d'armes, et pas d'organisation.

    PS: L'article des trotskistes est à vomir. En plus de n'être absolument pas sourcé et de manquer de crédibilité, il ne prend même pas en compte les évolutions de la situation. Cet article aurait pu être écrit tel quel il y a un an. Il s'exprime en termes très généraux, est incapable d'identifier un adversaire. C'est le degré zéro de l'analyse. Pas un mot par exemple sur l'ASL et le CNS. Rien. Et puis alors, cette déclaration, ça leur vaudrait bien une balle dans la tête :

    "Composés de soldats déserteurs et de civils ayant pris les armes, la résistance populaire armée bénéficie de véritables racines populaires au sein de l’insurrection."

    Ça me rappelle la bonne formule "Les soldats allemands sont des ouvriers en uniforme".

    Concernant les objectifs de la France, c'est pas dur, elle renforce ses liens avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. Le fond d'investissement dans les banlieues, ou leurs troupes qui vont s'entraîner en Corse ou à l'Ecole navale, ça tombe pas du ciel. Tlass ne représente rien, il n'a aucun pouvoir. Ceux qui ont le pouvoir sont liés aux intérêts des monarchies pétrolières. Ce n'est pas pour rien que la France livre des armes à leurs djihadistes.

    Et Millet qui cherche à faire d'Assad un "assassin" et semble se satisfaire de cette image forgée par les ennemis du "régime", ne risque pas d'être un grand ami de Bachar.
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    Message par Joe Lun 8 Oct - 18:38

    Pour info, une interview du très khrouchtchévite PCS Bagdash :

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    Message par Pedro Lun 8 Oct - 21:26

    En effet, du révisionnisme de haut vol... entre ça et les Krivine locaux, mon cœur balance. Il est clair que les petits cousins du NPA sont globalement sur la ligne de leur Internationale, pour laquelle le soulèvement en Syrie reste "principalement" populaire et démocratique, ce qui me semble complètement idéalisé (populaire peut-être, il semble y avoir de plus larges couches de la population engagées dans le soulèvement qu'en Iran en 2009, mais démocratique... je pense que l'idéologie majoritaire dans la population soulevée est un islamo-conservatisme de type Erdogan ou Morsi, socialement conservateur et nullement anticapitaliste, nos trotskystes risquent de tomber de haut, c'est le bémol que j'apporte à leur position - concernant l'origine de l'ASL, désolé Joe mais c'est bel et bien ça, la récupération par le CNS est intervenue ensuite ; mais tu as raison de dire que cet article ne tient pas compte des développements depuis un an).

    Concernant Bagdash, super, tout baigne, il suffit d'être "anti-impérialiste et antisioniste"... mais quid du fait qu'on puisse être anti-impérialiste, antisioniste ET réactionnaire ? quid de la distance entre les paroles et les actes ? à ce jeu là, les djihadistes barbus sont bel et bien anti-impérialistes et antisionistes ("contre les Croisés et les Juifs"), bien plus que Assad, qui lui se rattache à l'impérialisme russe... et n'a pas tiré un coup de feu contre Israël depuis quelques accrochages au Liban il y a 20 ans et quelques, alors que les djihadistes lancent encore des attentats anti-israéliens (je ne suis pas sérieux hein, j'emploie juste la connerie et demi pour faire ressortir la connerie). Leur soutien à l'Iran est une honte quand on connaît le sort des communistes iraniens, y compris les révisios du Tudeh... mais bon, on ne mord pas la main qui vous nourrit.

    PS : Millet ne fait que reprendre une position traditionnelle de l'extrême-droite national-catholique, selon laquelle les régimes de type Assad ou Bachar "au moins, protègent les chrétiens" (en réalité, ils sont l'expression de liens historiques entre certaines fractions des monopoles BBR et ces régimes, la fameuse "politique arabe"). C'est de plus un fait historique que Assad père est entré au Liban en soutien aux phalangistes chrétiens, auprès desquels combattait Millet.
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    Message par Joe Mar 9 Oct - 12:06

    De toute façon je pense que nous n'avons pas trop à nous mêler des affaires intérieures syriennes vu leur complexité. Par contre pour tout ce qui concerne l'intervention impérialiste, c'est notre "job". Il faut que les impérialistes tombent, et avec eux l'ASL. Après c'est aux forces amies sur place de tirer leur épingle du jeu, surtout qu'Assad est de toute façon déjà bien affaibli. Entre les Kurdes et l'opposition intérieure, il est clair que rien ne pourra jamais être comme avant
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    Message par Pedro Mar 9 Oct - 14:47

    Sur cela nous sommes tous bien d'accord Joe. Mais bon, souhaiter la défaite, ou en tout cas de sérieuses mésaventures à l'impérialisme dans un pays arabe ou musulman, quelle que soit la nature politique des "fâcheux" (soit la position de Staline dans les "Principes du léninisme" en 1924), c'est comme souhaiter que le soleil se lève le matin Very Happy Very Happy Very Happy
    C'est une évidence... A ce niveau-là, la question du maintien ou de la chute d'Assad est irrelevante : s'il tombe, il y aura parmi ses "tombeurs" des éléments pour se retourner contre les "sauveurs" impérialistes (et turcs, qataris ou saoudiens) et lui infliger des revers. Cela s'est toujours produit, depuis la révolte arabe des années 20 (après la "libération" du Proche-Orient, par les français et les anglais, des Ottomans) jusqu'à l'attitude des djihadistes envers l'Amérique après la défaite soviétique en Afghanistan, et cela se produira encore. Il n'y a qu'à voir en Libye, où ce n'est pas sous 42 ans de Kadhafi qu'on a tué un ambassadeur US... Ou l'Irak, où la résistance qui a infligé aux US leur deuxième Vietnam n'était pas composée que d'anciens saddamistes (loin de là). La conception musulmane du monde est simple : on peut accepter sans problème l'aide "infidèle" pour se libérer d'un tyran, mais ensuite il faut s'en aller... ce qui n'est bien sûr pas l'intention de l'impérialisme - en fait, c'est contre sa nature même.

    Par contre, pour ce qui est du soutien "actif", "positif" à un régime donné, là la conception de Lénine c'est que ce régime (en plus de résister à l'impérialisme) ait a minima un caractère "progressiste", au sens marxiste, pour les masses populaires. Ou au moins, qu'il cogne avant tout sur l'impérialisme et (seulement) sur les masses populaires dans la limite de ce qu'impose la résistance à l'impérialisme (et l'application des lois évidentes de l'organisation sociale : punir les voleurs, violeurs, assassins etc. puisque le caractère non-socialiste de la société fait que ceux-ci existent encore). Un exemple type de cela, c'est Cuba. Mais en Syrie, les forces SIGNIFICATIVES en présence, c'est à dire Assad, le CNS-Frères musulmans et les salafistes-djihadistes prônant un régime taliban, c'est la peste et le choléra... Les "staliniens" (je dis "staliniens" sans connotation péjorative, comme simple constat de fait : ceux dont Staline est la ligne de démarcation) ne peuvent cependant pas résister à leur tendance "naturelle" au soutien actif à ce type de régime... Sur ce point, les trotskystes sont au moins "cleans", leur problème c'est le mouvementisme, "tout ce qui bouge est rouge" et l'ampleur QUANTITATIVE de l'insurrection "suffit" à en faire une révolution démocratique... Ils oublient l'aspect qualitatif : la faiblesse des forces marxistes et progressistes en général.
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    Message par Joe Mar 9 Oct - 19:21

    Je ne pense pas que Lénine se soit arrêté à la qualification morale des régimes. Comme il le disait lui-même, la lutte de l'émir afghan contre les impérialistes était révolutionnaire. On voit la différence, subtile mais essentielle, entre cette formule de Lénine et celle des khrouchtchévites : La lutte du Hezbollah est révolutionnaire, mais le Hezbollah ne l'est pas. La seule chose que l'on doit avoir en vue, c'est la révolution. Et à partir de là, il faut se demander quelles manoeuvres, quels "zigzags" et compromis sont acceptables. A partir de là tout est possible et acceptable pourvu que cela serve les intérêts de la révolution.

    La question fondamentale est de faire échouer les impérialistes. Assad n'est pas impérialiste, et aussi terrible et réactionnaire soit-il, il est impossible de le mettre sur le même pied d'égalité que les impérialistes. Avec Assad, il est possible de négocier, d'obtenir des compromis. Pas avec les impérialistes. On peut combattre Assad, mais on ne peut pas le combattre sans combattre avant tout les impérialistes. Et on ne peut pas le combattre frontalement, comme le font les impérialistes. Je crois que ce que j'avais déjà énoncé concernant le parallèle avec le choix "Kornilov ou Kérensky" s'applique une fois de plus tout à fait.

    Concernant l'Afghanistan, les Taliban sont nés après l'intervention américaine et contre les chefs de guerre, donc contre ceux qui avaient été directement soutenus par les Etats-Unis. Ces chefs de guerre, notamment ceux de l'Alliance du Nord dont Karzai a fait partie, sont restés fidèles aux Etats-Unis jusqu'au bout.
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    Message par Pedro Mer 10 Oct - 8:24

    Là, tu mets le doigt sur une chose très importante : chute ou maintien d'Assad, finalement, les deux positions peuvent se défendre, mais l'un comme l'autre n'a de sens que s'il s'inscrit dans un plan général de travail, une stratégie suivie par un Parti révolutionnaire pour prendre le pouvoir (et de là, mettre la Syrie sur les rails du communisme).

    C'est exactement ce qui manque aux trotskystes de la GR. "Tout ce qui bouge est rouge", c'est la "révolution permanente". Face à un régime issu de l'ancien empire soviétique, ils renouent avec leur attitude face aux mouvements de la fin des années 80 en Europe de l'Est (et en URSS même)... Il y a en Syrie un "système Assad" oligarcho-bureaucratique et clanico-mafieux, qui a d'ailleurs carrément terminé sa trajectoire dans le néolibéralisme. Il a surgi dans une situation assez révolutionnaire dans tout le Proche-Orient, à la fin des années 60, et il a "gelé" cette situation en Syrie. Pour les trotskystes, c'est "l'excroissance bureaucratique" type qu'il faut faire sauter. D'un coup, sous la poussée des évènements dans les autres pays arabes, la colère et la frustration des masses explose : youpi, ça bouge ! Mais quand Assad (la marionnette des Russes et des Iraniens) aura sauté, ce qui est fort probable, et que des marionnettes des Occidentaux seront en place ; bref, quand on aura des Walesa et des Eltsine syriens au pouvoir, on fait quoi ? Euuuuuuh.......... "Ce n'est qu'un début, continuons le combat !", je suppose. La "révolution permanente" quoi... Ce n'est pas le début d'un commencement de stratégie de prise de pouvoir.

    Mais côté ML, c'est pareil ! Je veux bien que l'on considère qu'Assad doit résister et rester en place (en admettant que ce soit possible). Mais dans quel plan d'ensemble cela s'inscrit-il ? Assad se maintient, il balaye les mercenaires américano-sionistes... et après ? Que devraient faire (même si c'est avant tout à eux d'en décider) les marxistes syriens ? Pour toi, cela semble clair : négocier, arracher des compromis à Assad, bref obtenir des mesures démocratiques et sociales réformistes... Mais enfin, crois-tu que cela est-il possible ? Le régime (dont Bachar, qui est peut-être un type plutôt conciliant, n'est qu'une tête de gondole) a-t-il vraiment donné l'impression de vouloir discuter ? Ou tout ce que l'on voit depuis un an et demi est tourné par les caméras d'Hollywood dans le Nevada ? Tu oublies que le clan Assad, le clan Tlass, le "système Baas" en général sont des entreprises capitalistes. Leur but est de valoriser le capital (en tout genre) qu'ils ont accumulé en 40 ans de pillage et de prévarication.

    Moi, quand je dis que j'ai une préférence pour la chute d'Assad (qui me paraît de toute façon inévitable, qu'il y ait véritablement changement de régime avec le CNS ou simplement changement de "tête de gondole" au sein du régime), il me semble que dans une autre fil j'ai expliqué pourquoi, j'ai donné une vision sommaire de la manière dont le mouvement historique devait se développer en Syrie. J'ai dit que la chute d'Assad permettrait de balayer des problématiques qui sont toujours les mêmes depuis 40 ans et "bloquent" le développement d'une véritable révolution démocratique en Syrie (si tu es avec Assad, tu n'es pas pour une véritable révolution démocratique ; mais si tu es contre, tu es "pour" l'impérialisme, le sionisme etc.). Nous sommes en 2012 et on a l'impression de revivre 1982, imaginons que Assad se maintienne, il y aura une nouvelle explosion populaire d'ici 10, 15 ou 20 ans et ce sera EXACTEMENT la même chose, le même biz, les mêmes acteurs etc.
    Au contraire, la chute d'Assad ouvrirait selon moi une situation nouvelle : les assadistes condamnés par l'histoire disparaîtront assez rapidement, comme les saddamistes et les kadhafistes avant eux, et il y aura d'un côté les fantoches, de l'autre la résistance nationale populaire. Dans celle-ci, un courant nationaliste bourgeois (vraisemblablement national-islamiste), et le "bloc" des forces progressistes, socialistes et communistes. Qu'un authentique Parti révolutionnaire voie le jour et prenne la tête de celles-ci dans un Front uni, et nous serons sur la bonne voie. Les communistes/progressistes et les national-islamistes bourgeois résisteront ensemble à l'impérialisme et s'affronteront entre eux au fil des circonstances, comme le PC chinois et le Kuomintang. JE NE DIS PAS que ceci va "forcément" arriver, exactement comme cela, mais c'est la vision, la stratégie d'ensemble dans laquelle j'inscris la chute d'Assad.
    Tu dis que "avec Assad on peut négocier, pas avec l'impérialisme"... Mais depuis quand a-t-il été question pour les communistes de "pouvoir négocier", a fortiori avec l'impérialisme !!! L'impérialisme, il s'abat par la guerre du peuple, et tu sembles perdre de vue qu'il n'est qu'un tigre en papier. Où en est Karzai en Afghanistan, puisqu'on parle de lui ? Où en est la coalition dans ce pays ? Où en sont l'impérialisme US et ses fantoches en Irak ? Il n'y a pas eu de libération nationale démocratique, car les forces progressistes étaient et sont ultra-minoritaires, mais les plans de l'impérialisme dans ces pays sont un échec, ils ont dû être revus à la baisse 20 fois, etc. Et ça sent déjà le gratiné en Libye...

    Pour revenir à la question de la stratégie, je dirais même qu'un Parti révolutionnaire conséquent devrait avoir un plan général de travail pour le cas de la chute d'Assad et de son remplacement par des fantoches de l'Occident, et un plan général de travail pour le cas de son maintien.
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    Message par Pedro Mer 10 Oct - 8:32

    L'émir afghan c'était Staline je crois...

    Edit : oui c'est dans les "Principes du léninisme" encore une fois [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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    Message par Joe Mer 10 Oct - 13:58

    On ne peut pas être comme en 1982. D'abord il n'y a pas de répression aussi forte qu'en 1982. C'est une construction médiatique mensongère. Au contraire Bachar al-Assad a tenté de limiter les débordements, par exemple en ordonnant à ses policiers de faire du maintien d'ordre sans armes, comme l'explique le document du cf2r. Ce qu'il s'est probablement passé, c'est que des provocateurs, déjà financés par les intérêts qu'on connaît, on délibérément ouvert le feu, ou bien sur les policiers, ou bien sur la foule, et accéléré le cercle de violence. Evidemment dans un pays comme ça, la violence monte très vite. Certes il y a tous les opposants emprisonnés, et la répression policière existe, mais on est très loin des "massacres" inventés par nos médias ou même de ce qui a pu arriver à nos camarades iraniens.

    Deuxièmement, il y a le phénomène kurde. Le PKK s'est emparé des villes kurdes, ce qui représente peut-être 1/10e du territoire syrien. Et ils l'ont fait sans heurts avec le gouvernement, qui a laissé faire. Ils ont mis en place des milices appelées "Unités de protection populaire". En fait, ils ont un compromis évident. De même, ils ont des positions à Alep et combattent maintenant les rebelles qui tentent de s'en prendre aux quartiers kurdes. Dans tous les cas, on ne pourra jamais revenir à la situation passée.

    Troisièmement, Assad a déjà mis en place pas mal de réformes. Il a ouvert son propre gouvernement à l'opposition historique. Je ne pense pas que Qadri Jamil soit quelqu'un de particulièrement mauvais. Et il y a la pression russe et chinoise, ces pays ayant tout intérêt à privilégier la solution négociée comme ils l'ont prouvé.

    Donc la solution négociée est non seulement possible, mais en plus elle est inévitable. S'il faut s'opposer par les armes à l'impérialisme qu'ils le fassent. Qu'ils demandent à Bachar al-Assad d'armer le peuple, qu'ils s'organisent eux-mêmes s'ils en ont les moyens. Mais on ne peut pas combattre en même temps Kornilov et Kérensky. Il faut commencer par l'un et finir par l'autre, mais aussi profiter de l'opposition à l'un pour se renforcer contre l'autre.

    La chute de Bachar al-Assad, si elle est le fait de l'impérialisme, compromettra pendant des années, voir des décennies, la possibilité d'une révolution socialiste, comme ce fut le cas au Liban. Comme ce fut le cas en Afghanistan, et comme ça le sera en Libye. Où sont nos camarades ? En Afghanistan l'impérialisme subit un revers. Mais qui peut dire avec certitude que le bilan est globalement négatif pour eux, ou qu'ils aient vraiment perdu au change ? Personne.

    J'ai déjà vu des personnes se disant communistes défendre l'intervention impérialiste en afghanistan en disant que cela développerait les forces productives et la bourgeoisie locale, modernisant le pays, et poussant un jour à son indépendance. Ce sont des arguments que Marx aurait pu développer au début du XIXe siècle. Mais Lénine est passé depuis. Il faut s'opposer à l'impérialisme ici et maintenant, et pas attendre quoi que ce soit de sa part.

    Concernant Staline, il se sert de la propre position de Lénine comme argument d'autorité. C'est Lénine qui établit les liens avec l'Emir d'Afghanistan en 1919, en considérant qu'en s'opposant à l'impérialisme britannique, il est l'allié objectif des communistes russes. Mais la formule est effectivement de Staline.
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    A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie. Empty Re: A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie.

    Message par Pedro Mer 10 Oct - 15:53

    J'ai déjà vu des personnes se disant communistes défendre l'intervention
    impérialiste en Afghanistan en disant que cela développerait les forces
    productives et la bourgeoisie locale, modernisant le pays, et poussant
    un jour à son indépendance
    Non sans blague, tu as rencontré des anti-deutsch !??? !!! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Moi j'ai eu aussi affaire à un "ML" comme ça, qui disait que vu la nature ultra-réactionnaire (cléricale, féodale, obscurantiste) de la résistance afghane, on pouvait à la rigueur souhaiter la victoire de la coalition... Et en effet, c'est ce que Marx et Engels pouvaient dire, au sujet de l'Algérie ou du Mexique, à la fin des années 1840... Je crois même que Serpov avait ressorti le texte de Marx (ou Engels, j'ai toujours un doute) sur l'Algérie à une époque.

    La différence, Joe, c'est que "l'émir afghan" n'était pas confronté à une révolte de son peuple, écrasée dans le sang et que les Anglais auraient saisi comme prétexte. Ce cas de figure, on peut à la rigueur le comparer à l'Irak - les Anglais allaient apporter la "civilisation" aux Afghans, les Américains la "démocratie" à l'Irak ; ou encore et tout simplement à l'Afghanistan... aujourd'hui (l'histoire tend malheureusement à se répéter dans ce malheureux pays).
    Le fait qu'il y ait un soulèvement, contre l'ordre (oppressif) établi et que des impérialistes en profitent pour se tailler un protectorat au détriment d'autres puissances, cela ressemble plutôt à Cuba et aux Philippines en 1898 (avec déjà les larmes de crocodiles, dans la presse impérialiste, sur les "atrocités" du colonisateur espagnol : ce fut réellement la première "guerre humanitaire" de l'histoire), ou à la révolte arabe de la Première Guerre mondiale contre les Turcs... Dans les cas philippin et arabe, les "libérés" se sont immédiatement révoltés contre les "libérateurs" impérialistes.
    Joe
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    A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie. Empty Re: A la recherche d'une opposition démocratique en Syrie.

    Message par Joe Mer 10 Oct - 18:08

    Oui sauf que les libérés sont vite retombés sous le joug impérialiste, et pas forcément meilleur. En cas de soulèvement populaire il faut évidemment soutenir le soulèvement populaire légitime, mais aussi tout faire pour qu'il ne soit pas récupéré par les impérialistes. Sauf qu'en Syrie il est déjà à moitié récupéré. ASL et compagnie ne font plus partie du soulèvement populaire. Ce sont de petits soldats à la botte de l'OTAN et des monarchies du golfe et ils vont faire beaucoup de mal. Il paraît qu'ils ont guidé les frappes turques avec leur téléphone portable en pointant les cibles sur Google map !

    Si l'on veut soutenir ce qu'il reste de soulèvement populaire, il faut essayer de mettre en avant les options avancées par les différentes forces d'opposition progressiste et aussi rappeler les principes du droit international en matière de respect de la souveraineté des Etats. C'est une bataille idéologique fondamentale. On ne peut pas se permettre de faire des calculs hasardeux.

    Si l'impérialisme gagne tant pis. C'est vrai qu'ils ne gagneront pas sur tous les plans. Le PKK se prépare déjà à un éventuel après-Assad et à une guerre civile prolongée. Mais nous n'avons aucun intérêt à ce que les djihadistes gagnent, et encore moins à les soutenir ou à ne pas accélérer leur défaite immédiate. Ce que l'on peut souhaiter évidemment c'est l'épuisement des deux forces bourgeoises en lutte, les impérialistes et la bourgeoisie baasiste, mais à la seule condition que cet épuisement favorise l'émergence des forces progressistes. Emergence qui ne sera pas possible si l'on oublie de s'opposer avant tout aux interventionnistes. Et à ce titre, toute l'opposition historique est au moins d'accord pour condamner l'ingérence dans les affaires syriennes.

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